Ce sont d’abord ses journalistes qui font qu’un journal est indépendant et respecté. Pascal Grassart, rédacteur en chef de La Vie du Rail, mort à 56 ans d’un cancer, faisait partie de ces journalistes qui construisent, jour après jour, la réputation d’un journal.
Il était à la charnière de tous les conflits, à l’écoute des uns et des
autres, arbitrant sans trancher, écoutant sans juger, respectable et
respecté par tous durant ces 22 années passées sur le front d’une des
entreprises où se construit, jour après jour, le rapport de forces entre
les partenaires sociaux.
Il était entré dans l’hebdomadaire des
cheminots le 1er avril 1991 et avait commencé par y diriger le service
des correspondants, tâche ingrate s’il en fut, où son expérience de la
presse régionale (de La Manche Libre à Ouest-France) l’avait aidé à y évoluer comme un poisson dans l’eau.
C’est cette facilité, cette aisance relationnelle qui ont permis à
Pascal Grassart de devenir très rapidement un interlocuteur
incontournable à la fois de la direction de la SNCF et des syndicats.
Une oreille attentive et fidèle qui respectait ses sources et encore
plus ses lecteurs.
« Je souhaite, me disait-il dans sa lettre de motivation, élargir mes horizons et faire profiter, si possible, La Vie du Rail de
mes expériences précédentes. […] Dans cette presse spécialisée où les
contacts, le côté humain, la volonté de rencontre et de découverte, en
même temps que la rigueur due aux interlocuteurs réguliers,
correspondent à mes attentes de journaliste. »
Et il appliqua ce programme à la lettre, puisant dans l’expérience acquise dans la chronique agricole au mensuel Jeunes Agriculteurset à Ouest-France,
l’inspiration d’une carrière commencée à la radio au sortir de l’École
supérieure de journalisme de Lille (l’une des meilleures de France.)
À La Vie du Rail,
Pascal devint chef un peu malgré lui. (Il arrive toujours un moment où
l’expérience et les compétences poussent ce genre d’homme en première
ligne.)
Mais son emploi préféré était le terrain, les contacts,
les reportages qui sont la matière première du journalisme, le lieu de
l’écoute et de la curiosité.
Il avait ce talent rare qui est de
toujours s’identifier à l’autre pour en mieux comprendre les ressorts.
Cette formidable empathie qui lui valait la confiance de ceux qui
l’informaient. Ainsi possédait-il deux qualités qui ont parfois du mal à
cohabiter dans notre métier. Il était un excellent journaliste en même
temps qu’un être d’une gentillesse extrême. Deux raisons supplémentaires
pour avoir du mal à se faire à l’idée de son absence.
Vincent LALU
Une célébration aura lieu le jeudi 12 décembre à 15 heures en l’église Saint-Martin, 45 rue de la République à Meudon, suivie de l’inhumation au cimetière de Trivaux à Meudon (Hauts-de-Seine).
Vous pouvez adresser vos messages de sympathies à cette adresse :
memoire.pascal@laposte.net