La SNCF aurait voulu « manipuler
l’enquête » sur la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne),
qui avait fait sept morts en juillet 2013, en briefant ses employés avant leur
audition par la justice, écrit le Canard Enchaîné dans son édition de du 26
janvier.
L’hebdomadaire, qui dit avoir eu accès à de
« nombreuses pièces de l’enquête », révèle que des dirigeants de la
SNCF ont été placés sur écoute par les juges.
Ces écoutes mettent en évidence « un
double langage » de la part de certains témoins, selon le Canard Enchaîné.
L’hebdomadaire affirme que chaque cheminot
concerné par l’enquête a été « invité à un entretien avec le service
juridique » de la SNCF, suivie d’un débriefing après son audition par les
enquêteurs.
« Moi, je t’invite à ne rien apporter
(aux policiers)… Tu viens avec rien… Il faut attendre leurs demandes »,
déclare ainsi à un cheminot une cadre au service juridique, chargée, selon
l’hebdomadaire, de préparer les employés.
« La direction juridique de SNCF (…)
défend et accompagne ses salariés lorsqu’ils sont mis en cause dans l’exercice
de leur fonction. C’est le cas pour l’instruction concernant l’accident de
Brétigny », a réagi l’entreprise ferroviaire le 26 janvier au soir dans un
communiqué.
« Les salariés auditionnés par les
juges sont totalement libres de leurs propos », a-t-elle ajouté, se
refusant à commenter un article basé sur des « documents (…) couverts
par le secret de l’instruction ».
Le déraillement à Brétigny du train Paris-Limoges,
survenu le 12 juillet 2013, a fait sept morts et des dizaines de blessés. L’ensemble
des rapports d’expertise arrivent à la conclusion qu’un défaut de maintenance
sur les voies est à l’origine de l’accident.
Depuis l’ouverture d’une information
judiciaire par le parquet d’Evry, seules deux personnes morales ont été mises
en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause
pour homicides et blessures involontaires. Et trois agents de la SNCF, chargés
de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont par ailleurs été
placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.