« On est fous et on le sait. Longtemps, j’ai été fou tout seul et je me posais des questions… Mais quand on est une centaine, ça passe ! ». Voilà comment Jean-Marie Minot nous accueille tout sourire devant l’atelier de restauration du centre de la mine et du chemin de fer (CMCF) à Oignies (62). Installée sur le site d’une ancienne fosse d’extraction minière depuis 1993, l’association compte en effet aujourd’hui une centaine de membres. Tous sont amateurs de trains, sous forme de maquettes ou grandeur nature, avec une sensibilité particulière pour le matériel ferroviaire ayant un lien avec le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais. Dès le milieu du XIXe siècle, l’activité minière et le réseau ferroviaire de la région se sont effectivement développés conjointement. Ici, sur le carreau de la fosse no 2 dite Henri Charvet de la Compagnie des mines d’Ostricourt, exploitée de 1860 à 1979, rien ne semble avoir bougé depuis sa fermeture.
En cette fin décembre, le site paraît désert, comme endormi, baigné par une pluie fine et froide. Situé en bord de route, en plein cœur de Oignies, le grand hangar de briques rouges que le dynamique octogénaire nous ouvre, est tellement discret, qu’on a bien failli le rater, alors qu’il suffisait pourtant de suivre les rails ! « À l’époque de l’exploitation minière, la gare de dépôt était située juste derrière, c’est un garage automobile aujourd’hui. D’où les rails que vous voyez à l’entrée du site qui nous reliait alors à la gare de Libercourt, la ville voisine », nous explique Jean-Marie Minot, tout en poussant une imposante porte grinçante. Le hangar devant nous, lui, accueillait les ateliers de la compagnie minière dédiés aux activités exercées en »surface », comme la menuiserie, la soudure, etc. Aujourd’hui, on y bricole encore, mais sur des engins bien particuliers.