Trains touristiques. Patrimoine, évasion et nature
Comme chaque année au printemps, La Vie du Rail vous présente une sélection de trains touristiques circulant à la belle saison en France dans son guide dédié. Ils sont une centaine, répartis dans tout l’Hexagone, sur le littoral, à la montagne ou dans la campagne. Ces trains pas comme les autres et ces vélorails permettent de sortir des sentiers battus et de partir, pour bon nombre d’entre eux, à la découverte de territoires qui sont accessibles exclusivement par le rail. Fierté de leur région, ils transportent près de 4 millions de passagers par an, tout en valorisant le patrimoine et en respectant l’environnement.
Qu’ils circulent à la montagne, dans la campagne ou sur la côte, dès les premiers jours du printemps, les trains touristiques emmènent leurs passagers pour d’inoubliables escapades.
Fierté de leurs régions respectives, ils roulent sur des réseaux ferrés qui sont la promesse de sortir des sentiers battus et d’accéder en pleine nature à des territoires rendus accessibles par la seule voie ferrée, le tout à un rythme tranquille, celui des petits trains et des tacots d’autrefois. Ils traversent les champs, franchissent les rivières ou longent la mer, croisent les prés, serpentent à travers la forêt… et leurs passagers ont tout loisir de profiter du paysage.
Selon l’Unecto, fédération nationale des trains touristiques et musées à caractère ferroviaire, ces trains (1 200 km de voies ferrées exploitées, potentiel de 5 000 km supplémentaires) séduisent plus de 3,7 millions de passagers par an et constituent un secteur d’activité singulier, mais prometteur dans un pays qui demeure la première destination touristique au monde avec près de 89 millions de visiteurs français et étrangers en 2017.
Selon les cas, ces trains touristiques sont gérés par des associations de bénévoles, des collectivités locales ou des entreprises privées. Ces acteurs du « slow tourisme » font circuler d’antiques locomotives à vapeur du XIXe siècle, des tacots du XXe, des tramways de l’entre-deux-guerres ou encore des autorails emblématiques des années 1950 et 1960, offrant aux passagers une escapade pleine de nostalgie, de découvertes et de rencontres. Ce mode d’itinérance attractive constitue une réelle dynamique pour les territoires concernés, avec des bassins de chalandise étendus (30 à 60 minutes autour des gares ouvertes), la garantie d’emplois directs ou indirects dans le secteur du tourisme, sans oublier le maintien des petites lignes du réseau capillaire français.
Comme le soulignait lors du congrès 2017 de l’Unecto, Claude Steinmetz, président, successeur de Louis Poix (le Coni’fer) en 2016, « le chemin de fer dispose de formidables atouts pour devenir un mode de transport apprécié, non seulement pour se rendre sur son lieu de vacances, mais aussi pour rayonner autour de ce lieu en laissant reposer nos chères voitures ».
Anne Jeantet-Leclerc
Rens. : Unecto, 24, rue Louis-Blanc, 75010 Paris.
Voici quelques exemples de trains touristiques que vous retrouverez dans ce guide indispensable :
Bourgogne-Franche-Comté. Coni’fer
Il détient le titre du train à vapeur le plus haut de France. « Il », c’est le Coni’fer, le train touristique du haut Doubs qui, depuis 1993, circule à une allure tranquille (20 km/h) des Hôpitaux- Neufs à Fontaine-Ronde (où l’on peut visiter la résurgence de la source durant l’été) grâce à sa locomotive suisse, une 030 Tigerli (Petit Tigre, en suisse allemand), une splendide locomotive à vapeur construite en 1915 par SLM de Winterthur.
Le train roule sur une nouvelle voie ferrée longue de 12 km, entièrement reposée par les bénévoles, mètre après mètre, « car la voie d’origine avait été entièrement déferrée en 1971 », commente Louis Poix, président du Coni’fer, président d’honneur de l’Unecto, la fédération des trains touristiques et musées ferroviaires français. Des kilomètres supplémentaires doivent suivre afin d’être raccordé au réseau national, le but étant de relier Pontarlier à la station de ski de Métabief en passant par le château de Joux, un projet qui tient à coeur aux bénévoles de ce train touristique pas comme les autres. La ligne, la plus haute du massif du Jura, permet au voyageur d’admirer de splendides paysages à travers les vitres des voitures suisses baptisées Spoutnik, entièrement rénovées.
Le parcours (durée : 1 heure 45) commence dans les forêts de sapins, se poursuit dans la campagne avant d’arriver face au mont d’Or (1 463 m), sommet du massif du Jura. Le Coni’fer peut également vanter le charme de son authentique voiture-restaurant provenant de l’Orient-Express. Au début du XXe siècle, de 1906 à 1914, le célébrissime train de luxe passait par cette ligne pour relier Paris à Istanbul.
Le Coni’fer, qui tenait à retrouver un matériel authentique, a déniché la précieuse voiture dans l’arrière-pays niçois en 2009. Et c’est dans une ambiance festive et musicale, grâce à un orchestre, que les passagers-convives, confortablement installés dans cette voiture à la livrée bleu nuit et or d’un autre siècle, savourent leur menu du terroir…
Enfin, nouvelle venue, la locomotive 150 Y (1943) provenant de l’ex-Allemagne de l’Est, que les bénévoles ont entièrement remise en état. Une machine qui sera suffisamment puissante pour affronter les rampes et les descentes sur le parcours Pontarlier – Vallorbe.
Normandie. Train touristique Étretat-Pays de Caux
Étretat, son Aiguille creuse chère à Maurice Leblanc, créateur du personnage d’Arsène Lupin, ses vallons verdoyants et son front de mer tant appréciés par le compositeur Jacques Offenbach… Mais aussi Étretat et son train touristique ! Ce dernier, des remorques d’autorail attelées à un locotracteur, a vu le jour grâce à l’association du Train touristique Étretat-Pays de Caux. Il offre de savourer pleinement le spectacle de la campagne normande depuis les falaises. On peut aussi faire le trajet aller en vélorail (20 à 30 mn) et revenir en train pour ménager ses mollets (la rampe affiche une déclivité de 2 % !). Avec cette formule de balade « à l’air libre », le joli vallon verdoyant du pays de Caux prend des airs de Belle Époque, période des « trains de plaisir » que la bourgeoise parisienne aisée empruntait autrefois en fin de semaine. Ambiance Belle Époque !
Île-de-France. Musée des Tramways à vapeur et des Chemins de fer secondaires français
Le musée des Tramways à vapeur et des Chemins de fer secondaires français ravira les amateurs d’histoire et de technique. À deux pas de la gare de Valmondois-Commune-de- Butry (Val-d’Oise), il abrite dans un espace de plus de 1 000 m2 la plus grande collection en France d’engins ferroviaires à voie métrique : des véhicules de la fin du XIXe s. et du début du XXe s., souvent acquis à l’état d’épaves et patiemment restaurés (ou en cours de rénovation) par les bénévoles de l’association. Ce sont de pimpantes petites locomotives à vapeur (Corpet-Louvet, Blanc- Misseron, Decauville), des engins diesels (autorail De Dion-Bouton) et de jolies voitures voyageurs qui desservaient jadis les campagnes. Au total, trente-sept de ces engins, provenant de différentes régions de France, sont classés monuments historiques. Trois fois dans l’après-midi, le paysage s’anime grâce à l’autorail De Dion-Bouton qui véhicule les visiteurs sur une courte ligne autour du musée. Mais pour revivre l’ambiance des anciens chemins de fer départementaux, il faut aller un peu plus loin, dans le Beauvaisis en Picardie où, en 2017, les bénévoles du MTVS ont fait renaître un réseau.
Hauts-de-France. Chemin de fer de la baie de Somme
Le Chemin de fer de la baie de Somme (CFBS) exploite l’ancien réseau des Bains de mer, dont les 27 km de voies ont été rénovés par les équipes du CFBS. La gare de Noyellessur- Mer est la gare d’échange entre le réseau secondaire et le réseau principal (Paris – Amiens – Boulogne). Au départ de cette gare, deux axes desservent le nord et le sud de la baie de Somme, un site exceptionnel qui a inspiré nombre d’artistes tels que Colette, Jules Verne ou Jean-Baptiste Corot. C’est également un lieu prisé par de nombreux mammifères marins. Surtout, une réserve ornithologique accueille 300 espèces d’oiseaux migrateurs, trouvant ici un havre idéal pour se reposer avant le grand voyage. La ligne Noyelles – Le Crotoy (7,6 km), qui fut inaugurée en 1887, dessert la rive nord de la baie. Elle donne l’occasion d’observer des chevaux de Henson, des échassiers et même des nids de cigognes ! La ligne Noyelles – Port de Saint-Valery-sur-Somme (6 km) traverse la baie sur une digue qui, en 1910, a remplacé un ancien pont en bois de 1,3 km de long : l’occasion encore de voir passer nombre d’oiseaux comme des canards et des limicoles.
Enfin, la ligne Saint-Valery – Cayeux-sur-Mer (12 km) démarre son parcours à partir d’une gare reconstruite en 1937 dans un style Bains de mer. Puis, la ligne s’élance dans les bas champs jusqu’à Cayeux, avec les falaises normandes pour horizon. L’association assure ses circulations grâce à un matériel roulant constituant un riche patrimoine ferroviaire : neuf locomotives à vapeur, dont six sont en état de marche. Parmi ces vieilles dames, quatre modèles uniques : 031 Buffaud et Robatel, 130 Corpet et Louvet, 130 Haine Saint-Pierre et 130 Cail de 1889).
Elle possède également six locotracteurs diesels, un autorail, neuf voitures de 1920 en bois verni du réseau des Bains de mer, une voiture à essieux de 1889 (Saint Just Crèvecoeur), deux voitures PLM en bois, une voiture-salon à bogies des Chemins de fer économiques présente à l’Exposition universelle de Paris de 1889, huit voitures suisses à bogies (Yverdon Sainte-Croix et Bern Oberland Bahn), cinq voitures à essieux suisses (Chemin de fer électrique Veveyan et Yverdon Sainte-Croix, un couplage de deux voitures-restaurants des chemins de fer rhétiques). Parmi les services proposés, les dîners à bord permettent de déguster un excellent repas dans le panorama unique de la baie de Somme. On a aussi la possibilité de combiner train et vélo grâce aux fourgons équipant les trains et à l’important réseau de pistes cyclables. À court terme, de nouvelles journées à thème devraient être créées et de nouveaux partenariats mis en place. En 2019, une rame-restaurant chauffée accueillera ses premiers convives, tandis qu’à l’horizon 2020, un nouvel atelier ouvert au public devrait voir le jour.
Ces quelques extraits vous ont plu et vous donnent envie de découvrir plus de trains touristiques pour planifier vos vacances en conséquence ? Procurez-vous dès à présent cette nouvelle édition du Guide des trains touristiques et autres curiosités ferroviaires de France, édité par La Vie du Rail présentant 110 réseaux touristiques et musées ferroviaires répartis dans toutes les régions de l’Hexagone, d’est en ouest, du nord au sud.
À l’approche des vacances, un guide indispensable !
Disponible le 26 avril 2018 sur le site de la boutique de La Vie du Rail.
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