Les voyageurs ont pu le découvrir à la gare de Lyon, à l’occasion de l’ouverture d’un magasin éphémère : on vous dit tout sur l’ekiben, l’emblème de la gastronomie ferroviaire (et régionale) japonais.
Vous connaissez le bento, cette boîte-repas compartimentée japonaise, mais connaissezvous l’ekibento ou « ekiben », le bento des gares ? « Avant un long voyage en train, les Japonais achètent systématiquement un ekiben et une bière, c’est une tradition », explique Loïc Garnier, acteur français vivant au Japon. Une tradition aussi vieille que le train dans l’archipel, puisque ces gamelles étaient vendues dans les gares de la première ligne de chemin de fer nippone, entre Yokohama et Tokyo, à la fin du XIXe siècle.
À l’origine assez frugal, cette boîte-repas est devenue, au fil du temps, la vitrine de la gastronomie régionale japonaise. À chaque grande gare son ekiben local. Et à chaque ekiben sa forme, qui peut être parfois très originale (le nez du Shinkansen, le train express national, la tête d’un animal, ou une poupée Hello Kitty). « Il existe aujourd’hui plusieurs milliers d’ekibens régionaux différents », rappelle Shuichi Yagihashi, dirigeant de la société Hanazen, qui a remporté plusieurs fois le concours des meilleurs ekiben vendus sur les lignes JR East -et dont la recette de riz au poulet, qui n’a pas changé depuis 1947, est un emblème de la gastronomie de la région d’Akita. C’est sa société qui a ouvert l’année dernière un magasin éphémère dans l’enceinte de la gare de Lyon (voir notre interview).
C’est dans les grandes gares, notamment celles qui sont desservies par le Shinkansen, que vous trouverez le plus grand choix d’ekiben. L’un des magasins les plus célèbres se situe dans la gare de Tokyo : Ekibenya Matsuri (que l’on peut traduire par « festival des ekibentos ») est la seule enseigne à vendre plus de 150 spécialités régionales différentes. Les prix démarrent à quelques centaines de yens (pour les petites boules de riz farcies, les onigiri) et peuvent monter jusqu’à à 3 000 yens (20 euros) pour les bentos gastronomiques : au menu, généralement, du riz ou des nouilles, de la viande (cuite à la vapeur, grillée, ou panée) ou du poisson (cru, fumé, ou cuit), et, dans les plus petits compartiments, des légumes marinés (« tsukemono »), des algues, de l’omelette roulée (« tamagoyaki ») ; quelques fines tranches de fruits en guise de dessert.