La Sardaigne vante le plus long réseau touristique de trains à voie étroite en Europe, mais s’y aventurer est un véritable défi. Sur la ligne Mandas-Flumendosa, notre journaliste Lucie Tournebize a embarqué pour un reportage aux allures d’enquête.
« Prenons le train des voies secondaires… peu importe où il nous mène », écrivait David Herbert Lawrence en 1921, fasciné par la Sardaigne qu’il découvre à l’intérieur de l’île grâce au train. Sans le savoir, elle a adopté la même philosophie que l’écrivain voyageur en embarquant à son tour à bord du Trenino Verde, surnom donné à un réseau de quatre lignes ferroviaires sinueuses, serpentant sur 437 kilomètres. Car il lui aura fallu quatre voyages en Sardaigne et nombre de ratés pour parvenir enfin à s’installer sur les banquettes moelleuses de ce fameux train vert.
Le premier à lui en parler est son compagnon, né dans un village de l’intérieur de l’île. Il évoque des vallées sauvages, un maquis méditerranéen si épais qu’il caresse les voitures sur leur passage. « Impossible d’y voyager aujourd’hui », regrette-t-il, incendies, éboulis et troupeaux de chèvres s’étant emparés de la ligne. Pas tout à fait. Certains tronçons de voies sont bel et bien ouverts à la circulation. Monter à bord n’a rien de simple : les départs sont rares, s’effectuent au petit matin dans des gares pas toujours reliées au réseau ferré principal, et de nombreux tronçons restent clos… Le feu, des travaux ou un manque d’organisation, la saison ne démarre jamais vraiment à la date prévue…